Les serres photovoltaïques vont-elles se généraliser dans le monde : une réponse aux défis de la sécurité alimentaire et énergétique ?

AUTEUR : Christine PONCET, Université Côte d'Azur, INRAE, CNRS, ISA, Sophia Antipolis, France & Hicham FATNASSI, International Center for Biosaline Agriculture (ICBA), Dubaï, Emirats Arabes Unis & Alain JANET, Solar Cloth System, Mandelieu la Napoule, France

Les serres photovoltaïques peuvent-elles optimiser la production simultanée de produits agricoles et d'électricité ? Si oui, elles deviendraient un outil efficace pour répondre au mieux à la demande alimentaire et énergétique. C'est à cette question que Christine Poncet, de l'INRAE, et son équipe tentent de répondre.

Les premières serres photovoltaïques sont apparues sur les collines de Ligurie il y a 20 ans, suite à une forte augmentation du coût de l'électricité en Italie. Elles sont à mettre au crédit des horticulteurs transalpins qui ont remplacé les écrans d'ombrage par des panneaux solaires sur les serres destinées à la culture d'espèces ornementales telles que les asperges.

Une histoire chaotique pénalisée par des opérations financières sans réalité agricole

En France, la première serre PV a également été construite par un horticulteur pionnier dans les Alpes-Maritimes, en 2008, à un moment où le gouvernement français a décidé de subventionner le rachat de l'électricité PV produite sur les toits (0,60 €/kWh). Ces tarifs très attractifs ont entraîné l'arrivée d'investisseurs, attirés par les économies d'échelle et les faibles coûts offerts par les structures serristes, sans aucune ambition agricole. La même dérive a été observée en Sardaigne où des projets de serres photovoltaïques de plus de 100 hectares ont été réalisés grâce à des investissements de banques internationales et des subventions de l'Union européenne.

L'Espagne a été plus réfléchie. Elle a été la première à expérimenter des solutions photovoltaïques sur des serres de tomates en plastique dans la région d'Almeria avec des panneaux solaires amorphes flexibles. Malgré des résultats agronomiques très prometteurs, ces solutions n'ont pas été généralisées en raison des faibles rendements électriques et des problèmes de durabilité des cellules amorphes.

Dix ans de recherche et d'innovation vers des systèmes mixtes de production électrique et agricole

L'abondance de l'énergie solaire en fait une solution idéale à la raréfaction des énergies fossiles. Néanmoins, les projets de fermes photovoltaïques soulèvent régulièrement des conflits d'usage des sols, en particulier lorsqu'ils sont implantés dans des zones agricoles ou périurbaines. Plutôt que d'opposer des activités qui contribuent à des enjeux aussi cruciaux que la sécurité alimentaire et énergétique, il nous a semblé important de caractériser les contraintes et les atouts de chaque filière et de rechercher les synergies potentielles entre les deux systèmes de production avec une intégration logique dans le secteur très dynamique des cultures protégées.