Le problème croissant des agriplastiques : les plastiques dans l'agriculture sont omniprésents

AUTEUR : Christina DIXON, Responsable de la campagne sur les océans Agence d'investigation environnementale (EIA)

Les plastiques agricoles doivent être utilisés avec d'autant plus de précaution qu'ils sont essentiels à l'agriculture moderne. Les plasturgistes en sont bien conscients, d'où leurs efforts pour collecter, traiter et recycler leurs plastiques agricoles usagés. Toutefois, des préoccupations environnementales subsistent quant à leur véritable rapport bénéfice/risque et à la meilleure façon de gérer leur fin de vie, comme le souligne Christina Dixon, membre senior de l'EIA.

L'utilisation de plastiques dans l'agriculture (agriplastiques) ne représente qu'une petite fraction de l'utilisation mondiale totale de plastiques par an, estimée à environ 3,5 %, mais comme la recherche et l'élaboration de politiques sur la pollution plastique se développent rapidement, la question de savoir comment gérer les agriplastiques devient de plus en plus intéressante.

L'utilisation des agriplastiques a proliféré depuis les années 1950, à une époque où la production de plastiques à usage unique augmentait et où se développait l'agriculture intensive moderne en monoculture. Ces dernières années, des inquiétudes sont apparues quant à la question de savoir si leurs avantages l'emportent sur leurs impacts. L'alarme a notamment été tirée concernant l'utilisation de produits agrochimiques, la nature souvent à usage unique des plastiques agricoles, le manque d'infrastructures de collecte et de recyclage et le manque fondamental de données fiables sur leur utilisation et leurs impacts.

Une approche globale essentielle

Les agroplastiques sont uniques en ce sens que leur utilisation actuelle est profondément ancrée dans la fourniture de l'un des services les plus essentiels de la société : la production alimentaire. Une grande partie des pratiques agricoles actuelles a été conçue en fonction de leur utilisation, et l'agriculture est à son tour impliquée dans le changement climatique, la sécurité alimentaire et d'autres formes de dégradation de l'environnement. Pour démêler tout cela, il faudra adopter une multitude de mesures et d'approches différentes, ce qui constitue l'un des principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, les défenseurs de l'environnement et les décideurs politiques. Alors que les entreprises, les gouvernements nationaux et même les Nations unies s'interrogent sur la manière de lutter contre la pollution plastique, une approche globale et inclusive des agroplastiques reste difficile à mettre en place, mais essentielle.

La myriade de types et d'utilisations des plastiques agricoles constitue un défi majeur lorsqu'il s'agit d'élaborer des politiques, le terme englobant, sans s'y limiter, les films de protection des cultures, les filets, les tuyaux, l'irrigation, les emballages, les engrais, les ficelles, les pots, les cordes, les boîtes et bien d'autres applications. Qu'il s'agisse de macro ou de micro, d'ajouts intentionnels ou de rejets involontaires, les plastiques sont omniprésents dans l'agriculture.

Malgré leur omniprésence, leurs impacts sont très préoccupants. Les fuites de plastiques agricoles dans l'environnement causent des dommages physiques, chimiques et biologiques aux sols, à la vie terrestre, aquatique et marine, aux écosystèmes et, en fin de compte, à la santé humaine. Les impacts comprennent la dégradation de la qualité du sol due aux fuites et à l'accumulation ; les dommages toxiques et physiques causés par les plastiques à la biodiversité du sol ; les impacts sur la santé des plantes et le rendement des cultures en raison de la contamination ; l'ingestion de micro et macro plastiques par les animaux de pâturage et le rejet dans les environnements aquatiques, marins et même atmosphériques.