Nouvelles capacités de recyclage en France : l'impact de l'écosystème A.D.I.VALOR

AUTEUR : Ronan VANOT, Directeur général, A.D.I.VALOR & Florian CATANIA, Développement et recyclage, A.D.I.VALOR

Quel est l'intérêt de collecter les plastiques s'ils ne sont pas recyclés ? Cette question, vitale pour l'avenir de l'utilisation des plastiques agricoles, nécessite une étude pragmatique et exhaustive des capacités industrielles de recyclage en Europe, et en France en particulier. Conscients de cette faiblesse structurelle, difficile et longue à corriger, le monde agricole et ses fournisseurs se sont regroupés au sein d'A.D.I.VALOR pour encourager les investissements industriels. Ronan Vanot et Florian Catania, responsables de l'éco-organisme, détaillent cette réussite.

En 2018, l'interdiction d'exporter des déchets plastiques vers la Chine a mis en lumière le manque de capacité de recyclage en Europe et notamment en France. Alors que la volonté politique d'une économie circulaire se fait de plus en plus prégnante, les gestionnaires de déchets plastiques, dont A.D.I.VALOR, se sont retrouvés dans une situation quasi insoluble et la pérennité du système a été mise en péril, en raison de la question de base : "Que faire des déchets collectés ?"

Films de paillage

A.D.I.VALOR a la particularité de ne pas être une entreprise isolée et la force du collectif a toujours été la source de son succès, à travers sa gouvernance partagée entre les différents maillons du système.

Une réflexion stratégique sur les différents types de déchets plastiques et sur le rôle que le secteur A.D.I.VALOR pourrait jouer dans la création de capacités de recyclage de ces déchets, a été menée en mobilisant l'ensemble des parties prenantes d'A.D.I.VALOR, agriculteurs, distributeurs et industriels, en commençant évidemment par les actionnaires représentant ces professions.

Commençons par le cas des films de paillage, films plastiques en polyéthylène basse densité (PEBD) utilisés par les agriculteurs pour le maraîchage et qui permettent de réduire les besoins en eau ou l'utilisation de produits phytosanitaires. Ces films sont naturellement très souillés et leur traitement en vue du recyclage implique des opérations de nettoyage spécifiques. En 2018, la situation en Chine a été aggravée par la fermeture de l'usine SOPAVE, qui traitait historiquement ce flux de déchets pour la France. Le traitement de ces films s'est donc retrouvé en concurrence avec les films industriels. Ces films, beaucoup moins souillés, sont d'abord exportés vers la Chine, mais aussi vers des unités de recyclage en France ou en Europe dont la capacité n'est pas suffisante pour répondre à tous les besoins.

A.D.I.VALOR, soutenu par les industriels au travers du Comité des Plastiques Agricoles (CPA), a lancé en 2018 un appel à manifestation d'intérêt pour développer une unité française capable de pré-nettoyer ces films très souillés afin qu'ils puissent trouver des débouchés locaux de recyclage. La candidature présentée par la société Europlastic a été retenue. Depuis, avec le soutien de l'ensemble de la filière, un engagement d'approvisionnement d'A.D.I.VALOR et l'investissement de l'équipe d'A.D.I.VALOR (à travers son pôle Logistique et Recyclage, qui comprend un secteur Recherche), le projet s'est concrétisé et Plasticlean ouvrira prochainement une unité dotée d'un procédé innovant de traitement et de nettoyage de ces films fortement souillés.

Films d'enrubannage pour balles d'ensilage

Si l'on prend le cas des films pour animaux d'élevage, l'utilisation des enrubannages pour balles d'ensilage, en PEBD linéaire, est en constante augmentation en France. Leur utilisation permet aux agriculteurs d'assurer plus facilement la conservation et la fourniture de fourrage aux animaux. Cela a été particulièrement utile cet été, dans une situation de sécheresse record où le pâturage était difficile.

Alors que les taux de collecte de ces films augmentaient, leur capacité de traitement en France devenait insuffisante. A.D.I.VALOR, à nouveau soutenue par la CPA, a donc lancé un nouvel appel à manifestation d'intérêt en 2020 pour une unité de recyclage de ces films. La candidature présentée par Les Recycleurs Bretons a été retenue, et la société Neoplast est née, avec laquelle A.D.I.VALOR travaille en étroite collaboration. Cette unité de recyclage devrait voir le jour à l'horizon 2024.

Des discussions sont également en cours avec un partenaire de longue date, le groupe Suez, qui envisage d'augmenter sa capacité de recyclage pour ce type de films, ce qui permettrait de se rapprocher des besoins en raison des tonnages importants collectés.